Le Taravo, de ses sources au lieu-dit l’Astrellu

labellisé en mars 2017

Actualités du Taravo :

Le Taravo et son Histoire

Le Taravo, en Corse Taravu, est un fleuve long d’environ 65 kilomètres. Troisième fleuve de Corse, il trouve ses origines à environ 1 580 mètres d’altitude, au nord du Monte Grosso (1 895 m), sur la commune de Palneca. L’orientation générale de son cours va du nord-est vers le sud-ouest, pour se jeter dans la mer Méditerranée au niveau du golfe du Valinco, situé sur les communes de Serra-di-Ferro et d’Olmeto.

Du point de vu géologique, le bassin versant, d’une superficie de près de 490 kilomètres carré, qui couvre ou recoupe trente et une communes, appartient intégralement à la Corse hercynienne, dont il traverse le segment Sud, dominé par les plutons. À l’image de la majeure partie de la Corse hercynienne, le substratum du bassin versant du Taravo est largement dominé par des granitoïdes.

Les éléments de l’histoire et de l’évolution du bassin du Taravo au cours des siècles indiquent qu’une société agro-pastorale installée dès la préhistoire (dont de nombreux témoignages subsistent tel que le site préhistorique de Filitosa) en plaine a progressivement pris en compte le milieu naturel pour devenir une société agro-sylvopastorale, aboutissant vers le quinzième siècle à la création d’une dizaine de villages pivots dans la haute vallée. Ces villages représentaient autant de communautés qui répartissaient leurs activités entre la basse vallée et la haute montagne (élevage et une petite agriculture de subsistance).

L’éclosion d’une classe de propriétaires terriens sédentaires, dont les plus aisés allaient rapidement s’imposer comme les détenteurs d’un pouvoir politique, s’achève à la fin du XVIIIe siècle.

La poussée démographique du XIXe siècle modifie considérablement l’espace ainsi que les composantes sociales de la haute vallée où le village joue un rôle prépondérant. La population de la haute vallée double en cent ans, atteignant près de huit mille personnes à l’aube du XXe siècle. La basse vallée du Taravo, jusque-là domaine indivis des communautés pastorales de la haute vallée, prend une identité propre par la sédentarisation progressive, le partage des terres et la constitution de communes indépendantes.

Au cours du XXe siècle, particulièrement après la guerre de 1914-1918, la montagne est « marginalisée » ; la vallée du Taravo se « déruralise » ce qui entraîne une rapide évolution du paysage, avec une forte progression du maquis.

Malgré tout, aujourd’hui encore, le bassin du Taravo présente de nombreux atouts car il constitue un tout géographique, environnemental, historique, humain et économique et même si les liens entre le haut Taravo et le reste de la vallée s’estompent, le sentiment d’appartenance à une communauté demeure.

Le caractère sauvage de la rivière

Le Taravo évolue au cœur d’une mosaïque de boisements et maquis naturels et de secteurs d’agriculture extensive. La majeure partie du cours du fleuve est dominée par des boisements et maquis dont la variabilité reflète l’étagement naturel des végétations, depuis l’étage subalpin jusqu’à l’étage thermo-méditerranéen. Seule la plaine alluviale qui constitue la partie la plus aval est largement occupée par des prairies pâturées. Quelques parcelles de vigne et de rares secteurs jardinés et/ou aménagés pour l’habitation viennent compléter cette mosaïque, sans toutefois occuper une superficie conséquente. L’ensemble dessine un paysage au relief mou relativement homogène, régulièrement entrecoupé de passées granitiques plus résistantes à l’érosion qui forment des éperons rocheux sur les coteaux et des secteurs de gorges dans le cours du fleuve. Ces différents contextes environnementaux définissent, au sein de l’ensemble relativement homogène du bassin versant, des portions relativement contrastées en termes de caractéristiques tant physiques (hydrodynamique, régime sédimentaire…) que biologiques (nature de la ripisylve, potentialités écologiques…).

L’ensemble du Taravo (excepté la zone d’embouchure) est favorable au développement de la Truite: à ce titre, le Taravo présente les caractéristiques d’un cours d’eau de 1ère catégorie piscicole. A noter aussi que plusieurs portions d’affluents du Taravo sont strictement interdits à la pêche, dans l’optique de protéger la truite macrostigma, emblématique de Corse.

Le bassin versant du Taravo intègre ou intersecte divers espaces marqués par une grande diversité d’espaces naturels à forte valeur environnementale, à savoir six ZNIEFF de type I, cinq ZNIEFF II et cinq sites Natura 2000.

Sur le bassin versant du Taravo, le Parc Naturel de Corse s’étend sur environ de 20 500 hectares (soit environ 6% de la surface totale du PNRC) et couvre 11 communes du haut et moyen Taravo.

Ainsi un grand nombre d’espèces végétales et animales se développent sur le bassin versant. Il s’agit aussi bien de plantes que d’arbres et arbustes, d’oiseaux, de reptiles, d’amphibiens, d’insectes ou encore de mammifères. Nombres d’espèces sont d’ailleurs endémiques, rares, protégées et souvent  les trois à la fois !

Photos : ERN – Rivières Sauvages

Le programme d’actions

Le Conseil Départemental de Corse-du-Sud est engagé dans un projet ambitieux visant à préserver et valoriser le patrimoine naturel sur son territoire, notamment les milieux naturels aquatiques et leur environnement, la biodiversité et la ressource en eau douce face à diverses pressions et menaces. A ce titre, il a décidé de porter la labellisation du Taravo. Cette labellisation, qui a permis le classement du Taravo en Espace Naturel Sensible, vise à répondre à la préservation de ce site d’exception mais également à sa valorisation dans le cadre d’un projet territorial de développement durable.

Ainsi un programme d’actions est mise en œuvre sur la base de trois volets :

  • La restauration : restauration, notamment d’un point noir de rejet de déchets identifié sur un affluent à l’amont et la lutte contre la renouée du Japon pour laquelle le département a mis en place un protocole expérimental qui a permis l’éradication de près de 90% des stations traitées sur 3 ans.
  • La conservation : surveillance de la qualité du milieu par le biais d’un monitoring écologique de conservation, suivi de la faune piscicole, valorisation du territoire par l’aménagement de site dans le but de développer l’éducation à l’environnement pour les scolaires et le grand public. Par ailleurs  le comité de suivi a souhaité intégré dans sa réflexion une nouvelle approche de gestion à travers la réalisation d’une étude écosystémique qui a pour but de monétiser un certain nombre de services rendus par le fleuve Taravo et d’évaluer la valeur que les habitants de la vallée accordent à la protection de ce dernier.
  • Gouvernance et gestion du projet de labellisation : Au-delà de l’intégration de partie prenantes au projet (les Communautés de Communes du Taravo-Ornano et du Sartenais-Valinco, la Fédération Interdépartementale des associations de pêche et de pisciculture de la Corse, l’Agence de l’Eau RM&C, le Parc Naturel de Corse, l’Office de l’environnement de la Corse, la DREAL, la DDTM, Agence française pour la biodiversité), et des actions de sensibilisations de type réalisation de films, la gouvernance est menée via une intense concertation auprès des élus locaux, des socioprofessionnelles, des agriculteurs  et des propriétaires riverains.

Vidéos :

TARAVU – Une vallée en héritage

2018, 12′

Présenté par la Collectivité de Corse
Ecrit et réalisé par Emmanuel Rondeau

TANCHICCHIA, espace naturel protégé

2018, 1’40

Présenté par la Collectivité de Corse.
Réalisation White Fox Pictures