Le Fangu, de sa source à l’estuaire

labellisés en septembre 2018

Actualités du bassin du Fangu :

Le Fangu, joyau sauvage

Le fleuve Fangu s’écoule sur une longueur de 24 kilomètres au cœur d’une vallée taillée dans la roche volcanique. Il prend naissance dans la chaine des plus hautes montagnes de l’île, au pied du sommet mythique du Capu Tafunatu culminant à 2 335 mètres. Ses eaux translucides contrastes avec la couleur rosée de la roche qui les contiennent.

Paisible et chaud en été, il devient tumultueux et torrentiel lorsque de gros orages s’abattent sur la région.

Au cours de sa traversée, le Fangu passe par une diversité de paysages. Dans sa zone de source, son cours est petit, son débit faible. Puis, son régime devient puissant dû à un fort dénivelé et à un lit étroit, il coule alors au milieu des forêts de pins laricci. Son lit s’élargit dans la zone intermédiaire, il s’apaise et divague au milieu du maquis méditerranéen et des forêts de chênes verts. En s’approchant de la mer, le fleuve disparait dans une plaine alluviale où il devient souterrain. A cinq kilomètres plus en aval il réapparait pour former le delta du Fangu, véritable joyau paysager et environnemental, avant de finir sa course dans la mer méditerranéenne.

Son bassin versant d’une superficie de 235 km² s’étage entre mer et montagne et est constitué de trois communes : Manso, Galeria et Calenzana. Le Fangu, à travers son périple, traverse deux de ces communes et longe plusieurs hameaux. La partie amont du bassin versant se trouve sur la commune de Manso qui donne le caractère montagnard au fleuve. La partie basse de la vallée se situe sur la commune de Galeria, où il va finir sa course au pied de la tour génoise qui surplombe son embouchure depuis plus de 400 ans. Dans sa course infinie vers la mer, il est rejoint par de nombreux affluents qui vont grossir son débit, atteignant un débit moyen d’environ 2m3/s.

Cette vallée si particulière de par ses caractéristiques paysagères et patrimoniales, font de ce fleuve un lieu magique empreint d’histoires et d’émotion.

Un fleuve resté sauvage

Depuis toujours la vallée du Falasorma, dans laquelle coule le Fangu, est marquée par la présence de l’Homme. L’Homme a vécu autour des cours d’eau où il y a développé la vie en communauté et construit ces villages. Cette vallée, ancrée dans les traditions, a vu transhumer de nombreux bergers et leurs bêtes qui venaient d’un territoire plus à l’Est, le Niolu. Les terres du Falasorma sont alors devenues les zones d’hivernage pour les bergers du Niolu qui y descendaient leurs bêtes pendant les durs mois d’hiver et la raréfaction des pâturages.

Ces hommes, au fil du temps, se sont sédentarisés sur ces terres fertiles et y ont créé les différents hameaux, toujours tournés vers le fleuve, source de vie et d’abondance.

L’Homme et la nature ont su trouver leur équilibre dans ces paysages grandioses de couleurs et d’odeurs.

Cet attachement, d’où est issu la volonté de préserver cette vallée, se traduit par de nombreux critères qui mette en évidence le caractère « sauvage » du Fangu :

> Une forte volonté locale de préserver ce territoire avec la présence :

  • De nombreuses structures de gestion sur le bassin versant : le PNR de Corse, une intercommunalité (Communauté de communes Calvi Balagne), deux syndicats intercommunaux (SIVU et SIVOM), la collectivité territoriale de Corse (CdC).
  • De nombreux acteurs locaux impliqués dans la gestion du cours d’eau : AAPPMA de Balagne, FCAAPPMA, APEEM (Association pour l’Etude Ecologique du maquis), CEN de Corse.
  • Un contrat de rivière en cours de réalisation, validé le 10 décembre 2012 et signé le 18 janvier 2014.
  • Des portions du bassin versant disposant d’un statut de reconnaissance de l’intérêt et de la qualité du milieu naturel : PNR (100% du bassin versant), Natura 2000, ZNIEFF.
  • Un bassin versant intégré dans une Réserve de Biosphère.

> Aucun linéaire stabilisé, endigué ou impacté par un ouvrage hydraulique.

> Un fonctionnement hydraulique naturel (pas d’ouvrage excréteur de crue, pas d’écluses, pas de tronçon du cours d’eau court-circuité) permettant une continuité piscicole et sédimentaire.

> Une ripisylve en bon état.

> Une agriculture de type extensive.

> Une faible densité de population : environ 450 habitants permanents.

> Une occupation du sol du bassin versant peu impactante, principalement constituée de forêts et de milieux semi-naturels (72%), 27% constituée de pelouses et pâturages et seulement 1% constituée de terres artificialisées.

> Une biodiversité riche avec la présence d’espèces emblématiques : truite macrostigma, anguille, blennie fluviatile, gypaète barbu, sittelle corse.

Un programme d’actions tourné vers la préservation et la sensibilisation

Le programme d’actions est issu de nombreuses concertations avec l’ensemble des acteurs compétents et traduit les besoins et attentes du territoire. Il est constitué de 15 actions réparties en six volets : études, travaux, animation, communication, suivi et audit.

Les volets les plus importants sont représentés par des études environnementales expérimentales et de la communication.

Le volet « Études » se traduit par quatre actions : étude sur la capacité de charge du milieu, sur la valeur économique du cours d’eau, sur le suivi des invertébrés benthiques et sur la définition d’une stratégie foncière.

Le volet « Travaux » se rapporte à la mise en œuvre des préconisations des profils de baignade.

Un vaste plan de communication a été définit, base de la préservation environnementale, à travers la réalisation de plaquettes d’information, d’un film de sensibilisation ou encore de la mise en place d’un outil pédagogique à destination de scolaires.

La légende du Capu Tafunatu

Une légende raconte qu’au temps où Saint-Martin gardait les troupeaux dans les prairies du Niolu, il reçut la visite d’un pâtre qui lui demanda de l’embaucher. Cependant, Saint-Martin perçut vite que le diable se cachait derrière l’étranger et le congédia le lendemain. Pour se venger, Satan alla trouver le chef du village et lui proposa de construire un pont en échange de la propriété d’une âme à choisir dans le village. Accord fut conclu à condition que le pont fût édifié en une nuit avant le chant du coq. Dans un grand tumulte, des milliers de diablotins s’activèrent et il ne restait plus qu’une pierre à poser lorsqu’un homme sortit de dessous son manteau un coq qui se mit à chanter. C’est alors que le diable furieux lança en l’air son marteau qui alla heurter la montagne et la troua.

Poésie sur le Fangu

Réalisée par M. Jean Marcel Vuillamier pour l’école JT Desanti de Bastia (classe de CM2) lors de la cérémonie de labellisation du fleuve le 20 Juin 2019.

D’una surgente sò natu
Mezzu à l’erba celesta
E pini di a furesta
Ver di u mare turchinu.
Corre, hè, u moi destinu

Et je vais, sautillant heureux
Je suis fort, ne suis pas peureux
Je suis né des neiges antiques
Et des roches rhyolitiques
Et je grandis en voyage
Des hauts pics aux bleus rivages

Fatti i mo primi passi
Mi pigliu tutti li chjassi
Valle di capu a vetta
Une via cusi stretta
Chi mi dà forz’è pudenza
è appena d’insulenza

Voici mes frères affluents
Qui vont renforcer mon courant
Quinze ruisseaux me rejoindront
Pour montrer de vasques en chaudrons
La puissance de nos eaux vives
L’esthétique de nos rives

Capronale, riu Rocce
Candela è d’aqua salsa
Forchettaghu, cutalellu
Capu rossu è Bussiccia
Valle sarratra, Buliga
Perticatu è Margine
Marsulinu è e Canne
Carbunaghja per finisce

Sò Fangu, sò salvaticu
Fiumicellu magnificu
Sott’à lu sole d’estate
Mi facciu tante sunnate
Mà s’ellu piov’in altura
Attenti à a fiumara !

Je connais la macrostigma
L’euprocte, le bédriaga
Belles bêtes endémiques
Dans mes eaux fraiches et toniques
Se désaltèrent le mouflon,
La sitelle et le venturon

Sò fiume Fangu è campu
U spazziu di u lampu
E quandu vene la sera
Basta une sbuffullera
Un soffiu d’aria colmu
Piantu in piana di l’olmu

Je suis Fangu, le sauvage
A qui rien ne fait barrage
Et si je me cache tout en bas
Me prélassant dans mon delta
C’est pour garder l’instantané
Des montagnes où je suis né.

Je termine mon voyage
Caressant le doux rivage
De mes eaux limpides et claires
Dans les flots bleus en un éclair
Je reprends là où je finis
Le cycle de l’eau infini

Vidéos

Le Fangu labellisé « Sites Rivières Sauvages »

Reportage de Télé PAESE à l’occasion de la cérémonie de labellisation du Fangu, juin 2019

U Fangu, Rivière Sauvage

Images spectaculaires du fleuve Fangu, de sa source à l’estuaire.
Réalisation : Nicolas Robert – Production : PNR de Corse. 2019

Photos : N.Robert – PNRCorse, Association du Réseau des Sites Rivières Sauvages